Politique sociale de l’eau
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En 2014, l’Office de l’Eau Martinique a conduit une étude inédite pour mieux comprendre les liens entre accès à l’eau, conditions sociales des ménages et capacité à faire face aux dépenses d’eau et d’assainissement. Réalisée par le cabinet EAU MEGA, cette étude socio-économique jette une lumière crue sur la précarité hydrique qui touche une part importante de la population martiniquaise.
La Martinique fait face à une situation sociale contrastée : si l’accès à l’eau potable est globalement assuré, les inégalités de revenus fragilisent la capacité de nombreux ménages à faire face aux charges liées à l’eau.
Quelques chiffres-clés issus de l’étude :
- 28 % des ménages vivent sous le seuil de pauvreté monétaire local, estimé à 644 € par mois et par personne (contre 987 € en métropole).
- Près de 48 % des Martiniquais vivent avec moins de 1 000 € par mois, tous revenus confondus.
- Les ménages les plus précaires sont aussi ceux qui résident souvent dans des zones rurales, peu denses, où l’assainissement collectif est rare et les alternatives coûteuses.
L’étude démontre qu’au-delà des difficultés financières générales, l’eau peut devenir un facteur d’exclusion :
- Dans certains cas, les dépenses d’eau représentent plus de 3 à 5 % du budget mensuel des ménages modestes, bien au-delà des recommandations internationales (généralement autour de 2 à 3 %).
- Certains foyers sont contraints de réduire leur consommation ou de retarder leurs paiements, s’exposant à des pénalités ou à des restrictions de service.
- La qualité des équipements sanitaires et des branchements privés varie fortement selon les territoires, accentuant les inégalités d’accès à un service d’eau de qualité.
Face à ces constats, l’étude propose plusieurs leviers d’action pour les collectivités et les autorités publiques :
- Mettre en place des dispositifs d’aide au paiement des factures d’eau, notamment pour les bénéficiaires du RSA ou les foyers à faibles ressources.
- Favoriser une tarification sociale ou progressive, permettant de sécuriser l’accès aux premiers mètres cubes d’eau indispensables à la vie quotidienne.
- Améliorer la transparence des coûts pour que les usagers comprennent les composantes de leur facture.
- Sensibiliser les usagers aux bons usages de l’eau et aux gestes d’économie, en tenant compte des réalités culturelles et sociales locales.
- Renforcer le soutien aux collectivités rurales confrontées à des charges lourdes pour l’assainissement non collectif.
Cette étude rappelle que l’accès à l’eau ne peut être réduit à une question technique : c’est aussi un droit humain, avec des enjeux sanitaires et d’équité.
L’étude est à retrouver ici.